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Page:Clémenceau-Jacquemaire - Madame Roland, 1926.djvu/11

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NOBLES VIES — GRANDES ŒUVRES

MADAME ROLAND



CHAPITRE PREMIER

L’ENFANT. − LA JEUNE FILLE
(1754-1775)


Mon père tenait son atelier tout près du lieu que j’habitais durant le jour : c’était une pièce agréable qu’on nommerait un salon et que ma modeste mère appelait la salle, proprement meublée, ornée de glaces et de quelques tableaux, dans laquelle je recevais mes leçons. Son enfoncement d’un côté de la cheminée avait permis de pratiquer un retranchement qu’on avait éclairé par une petite fenêtre. C’était mon asyle.

Ce logis, celui de la future Mme Roland, était probablement situé au second étage de la grande maison[1] où l’on avait accès par trois portes : rue de Harlay, place Dauphine et quai de l’Horloge du Palais[2]. La rivière coulait sous les fenêtres.

Nous nous représentons sans effort ce salon un peu de guingois, sans doute peint en gris, bien éclairé par deux larges croisées qui s’ouvraient sur le jour brumeux et transparent de la vallée de la Seine.

  1. Et non dans la maison où a été posée, en 1880, une plaque commémorative.
  2. L’ancien quai des Morfondus. Voir le plan de Turgot.