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Page:Claretie - A. Dumas fils, 1882.djvu/30

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— Peut-être, répondait Dumas ; mais elle applaudira ensuite. — Alors vous tenez à votre dénouement ? — J’y tiens absolument. — C’est bien, fit Montigny. » Et il cessa, dès lors, de venir aux répétitions qu’il avait dirigées jusque-là.

Le soir de la première représentation, lorsqu’arriva le récit de ce duel, toute la salle crut qu’il était vrai que l’auteur de Diane de Lys renouvelait, à l’épée, son fameux coup de pistolet, et l’auditoire devint glacé. Dumas père, placé dans l’avant-scène du théâtre, à côté de son fils, lui disait tout bas : « Ah ! quel malheur ! Avoir ainsi gâté une si belle pièce ! Ah ! malheureux, va ! » Puis, quand tout ce monde s’aperçut qu’il avait été dupe d’un moyen de comédie, l’habileté de l’auteur l’emporta plus haut encore dans les acclamations qu’il n’avait été tout à l’heure et la pièce finit par une ovation, dans une tempête de bravos. Dumas fils, tout en voulant exterminer Scribe, avait montré de la sorte qu’il savait aussi bien son métier que Scribe et, en effet, dans ces batailles l’enthousiasme, la foi, le talent ne suffisent pas seuls ; il y faut encore la tactique et les munitions.