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Page:Claretie - Bouddha, 1888.djvu/16

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Et pendant qu’il murmurait, dans sa moustache blonde, le couplet de l’opérette oubliée, — du succès parisien d’il y avait trois hivers, — le joli garçon rieur devenait sérieux ; lentement une ride se creusait entre ses sourcils, et son œil bleu, son œil franc, clair et bon, s’emplissait comme d’un voile de brume.

Bouddha me bouda,
Le cruel Bouddha….

— Est-ce drôle, dit-il tout à coup en s’interrompant, il m’énerve maintenant, ce refrain-là ! Et je l’ai tant chanté et rechanté là-bas !… Bouddha ! Je ne t’ai pas dit l’histoire du Bouddha d’Antonia ?… Non ?… Comique et triste, cette histoire-là, mon cher !… Antonia !… Ah ! la jolie fille !… Et bonne fille ! Grande, blonde, gaie, des dents de mangeuse, des lèvres de joyeuse, tout cela appétis-