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Page:Claretie - Bouddha, 1888.djvu/34

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gnait ses jolies mains ; elle contemplait, baissée à demi, là, par terre, le Bouddha sans tête, la tête sans corps ! — Ah !

Et je ne riais plus. Je l’aimais, ce Bouddha. C’était, je te l’ai dit, un ami. Il me semblait que je venais de perdre un être cher, que ce corps souffrait. Je ramassai le cadavre. Écaillé, l’or, çà et là, tombant par squames ; et la tête avec un trou au front et le nez cassé. Méconnaissable, mon pauvre Bouddha. Affreux, écrasé ! Plus laid encore que Lafertrille ! — Ah ! disait toujours Antonia.

Elle murmura doucement, timide, un moment après :

— On pourra le recoller… peut-être !

Puis, repentante, et me prenant des mains la tête de Bouddha, qu’elle posa sur la cheminée avec cette précaution qu’on a toujours lorsqu’un malheur est arrivé :

— Oh ! vois-tu, j’en pleurerais !