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Page:Claretie - Bouddha, 1888.djvu/44

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tout promener, tout, et je t’accompagne à Toulon… au Tonkin !… où tu voudras.

Et elle se serait envolée, ma foi, ce soir-là, quitte à me reprocher le lendemain de lui avoir fait rater le rôle de Vadé ! Et cela me flattait, ce mensonge de la jolie fille se mentant à elle-même sincèrement ! Tout à coup un regard jeté sur la pendule… « Ah ! mon train ! Garçon, l’addition ! Et ma valise ! Et mes livres !… Allons, ma petite Antonia !… »

Elle se pendait à mon bras, en allant du restaurant à la gare. Elle voulait se promener encore dans la grande salle d’attente pleine de pas et de bruissement… « Tu as encore cinq minutes… deux minutes… une minute !… » Et au seuil de la salle ouverte sur le quai, le dernier baiser, le long baiser sans bruit, amer et inoubliable avec son goût de