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Page:Claretie - Bouddha, 1888.djvu/70

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de sa gorge crevée sortir le flot de sang rendant le son d’un tuyau qui se vide… Puis je ne vis plus rien… Je déchargeai mon revolver devant moi, au hasard… Mes turcos enfonçaient leurs baïonnettes dans les poitrines jaunes… J’étais fou de colère… Il me semblait que c’était moi, moi qui venais d’assassiner Mohammed-ben-Saïda.

Ce ne fut pas long, ce dernier coup de collier. Les Chinois assommés ou éventrés râlaient déjà sur les dalles de la pagode. Les Turcos, en sueur, essuyaient sur les tuniques des Chinois leurs baïonnettes qui fumaient. Et Bouddha, le grand Bouddha doré, souriait à ces flaques de sang et contemplait ces morts avec son rictus impénétrable figé sur ses lèvres pour l’éternité.

Et à deux pas, le cou coupé, la tête demi renversée dans une pose presque