Aller au contenu

Page:Claretie - Bouddha, 1888.djvu/8

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

dage du premier cigare, après le café, les deux camarades souriaient, évoquant les années enfuies, les souvenirs de l’École, les promenades militaires, les jours de sortie, d’examen ou d’escapade, et la première épaulette et la dernière revue, la revue d’hier, à Longchamps, devant les tribunes, ce défilé des Tonkinois sous les acclamations d’une foule, les sourires des mères, les bravos des anciens, les larmes des femmes.

Tous deux décorés de la Légion d’honneur, l’un des deux amis, la taille fine serrée dans la redingote bourgeoise, regardait, sur la tunique bleu de ciel des officiers de turcos que portait son camarade, la médaille d’argent qui pendait au bout du large ruban semé de vert clair et de jaune, avec ses noms barbares représentant deux ans de sacrifices, deux ans