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Page:Claretie - Fr. Coppée, 1883.djvu/21

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on n’arrivait cette fois qu’à 70 exemplaires.

Enfin, par hasard, parce que le poète avait rencontré Mlle Agar sur son chemin, on joue le Passant à l’Odéon. Ce fut un changement de décor, comme dans les féeries. Du jour au lendemain, le poète eut un peu d’argent et beaucoup de bruit.

Jadis, quand il rimait des vers sous les gouttières,
Enfant par l’idéal et le rêve maigri,


il n’avait peut-être pas espéré un tel triomphe, — quoiqu’on espère tant de choses quand on ne connaît point la vanité de la vie !

Ah ! ce Passant ! quelle surprise heureuse et quel gazouillis d’oiseau ce fut, dans la salle de l’Odéon, lorsqu’on entendit Sylvia et Zanetto, ces deux exquises figurines de Donatello, récitant leurs sonnets florentins !

Nous écrivions alors — et c’est un de nos meilleurs souvenirs de jeunesse — dans notre feuilleton de théâtre de l’Opinion nationale :

Voilà un poète jeune, qui apporte une pièce à l’Odéon, et le petit acte fait plus d’impression sur la salle que les cinq actes d’un gros drame haut en couleur. Si l’on goûte souvent à ce vin de Chypre, on jettera le vin bleu par la fenêtre.

La courtisane Sylvia est accoudée sur la terrasse, rêveuse, attristée, regardant au loin les toits de Flo-