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Page:Claudel - Connaissance de l’est larousse 1920.djvu/185

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réglé à telle marche et à tant d’heures. J’ai mon échappement. Je contiens le pouls créateur. Hors de moi, le coup qui soudain résonne atteste à tout le travail obscur de mon cœur, moteur et ouvrier de ce corps.

De même que le navigateur qui côtoie un continent relève tous les feux l’un après l’autre, de même, au centre des horizons, l’astronome, debout sur la Terre en marche comme un marin sur sa passerelle, calcule, les yeux sur le cadran le plus complet, l’heure totale. Machination du signe énorme ! L’innombrable univers réduit à l’établissement de ses proportions, à l’élaboration de ses distances ! Aucune période dans le branle des astres qui ne soit combinée à notre assentiment, ni dessein noué par le concert des mondes auquel nous ne soyons intéressés ! Aucune étoile dénoncée par le microscope sur la glace photographique à laquelle je ne sois négatif. L’heure sonne, de par l’action de l’immense ciel illuminé ! De la pendule enfouie au cœur d’une chambre de malade au grand Ange flamboyant qui dans le Ciel successivement gagne tous les points prescrits à son vol circulaire, il y a une exacte réponse. Je ne sers pas à computer une autre heure. Je ne l’accuse pas avec une moindre décision.