Page:Claudel - Connaissance de l’est larousse 1920.djvu/193

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

« O Amaterasu ! », consommèrent la prosternation.)

« O Amaterasu, tu n’étais point avec nous, tu croyais nous avoir laissés sans ta face ? Mais regarde, voici celle qui est plus belle que toi. Regarde ! » dit-elle, montrant le gohei, montrant le miroir sacré qui, concentrant la flamme, produisait un or insoutenable. « Regarde ! »

Elle vit, et, jalouse, ravie, étonnée, fascinée, elle fit un pas hors de la caverne et aussitôt la nuit ne fut pas. Tous les grands mondes qui tournent autour du soleil comme un aigle qui couvre sa proie s’étonnèrent de voir éclater le jour dans ce point inaccoutumé, et la petite terre toute mangée de gloire, telle qu’un chandelier qui disparaît dans sa lumière.

Elle fit un pas hors de la caverne, et aussitôt le plus fort de tous les dieux se précipitant en referma la porte derrière elle. Et tout debout devant son image, entourée de sept arcs-en-ciel, adorable aorasie, feu vivant d’où n’émergeaient avec le divin visage que deux mains et deux pieds roses et les anneaux de la chevelure, la jeune, la formidable ! se tenait l’âme essentielle et fulminante ! Et comme l’alouette qui au-dessus de la mire scintillante s’élève en cercles toujours plus larges, Amaterasu, reconquise par son image, remonta vers le trône