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Page:Claudel - La Messe là-bas, 1919.djvu/15

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LA MESSE LA-BAS



INTROÏT




Une fois de plus l’exil, l’âme toute seule une fois de plus qui remonte à son château,

Et le premier rayon du soleil sur la corne du Corcovado !

Tant de pays derrière moi commencés sans que jamais aucune demeure s’y achève !

Mon mariage est en deçà de la mer, une femme et ces enfants que j’ai eus en rêve.

Tous ces yeux où j’ai lu un instant qu’ils me connaissaient, tous ces gens comme s’ils étaient vivants que j’ai fréquentés,

Tout cela est pareil une fois de plus à ces choses qui n’ont jamais été.

Ici je n’ai plus comme compagnie que cette augmentation de la lumière,

La montagne qui fait un fond noir éternel et ces palmiers dessinés comme sur du verre.