Aller au contenu

Page:Claudel - La Messe là-bas, 1919.djvu/73

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.


Prenant le peuple obscur avec vous et l’offrant entre vos bras ouverts !

Mais, prêtres, tous ces morts-vivants, ah s’ils savaient comment faire pour parler,

Sur qui vous avez juridiction et sur qui vous serez un jour interrogés,

Ils vous diraient : Ce n’est pas tant de nous qu’il faut tout d’abord vous occuper !

Ce n’est pas nous par nous-mêmes tels quels qui sommes intéressants.

Premier est Dieu Notre Père à qui nous faisons détriment.

A quoi bon tant de mains jusqu’à nous et de machines profanes et compliquées ?

Ce n’est pas de ne pas mourir pour nous qu’il s’agit, c’est de ressusciter !

Ce n’est pas tant la terre au hasard la gratter qu’il faut pour en retirer des morts,

C’est Dieu courageusement qu’il s’agit d’entreprendre corps à corps.

Il s’agit de tenir bon, là où nous nous sommes achoppés.

Là où votre frère n’est pas, il s’agit de le remplacer,

La prière qu’il ne fait pas, c’est en elle que vous êtes constitués,

Il n’y a pas d’autre moyen d’obtenir que de demander,

Il n’y a pas d’autre prière à Dieu que l’exécution de Sa Volonté.

C’est pourquoi l’Artisan de tous les êtres qui les a faits avec tant d’esprit,