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Page:Claudine a l'Ecole.pdf/107

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claudine à l’école

encore toute pleine de ce que j’ai guetté là-haut ! Je n’en demandais pas tant, et je ne croyais certes pas leurs tendresses si vives…

Anaïs me montre un dessin de Gil Baër représentant un petit jeune homme sans moustaches, l’air d’une femme déguisée, et, entraînée par la lecture du Carnet de Lyonnette et des folichonneries d’Armand Silvestre, elle me dit avec des yeux troublés : « J’ai un cousin qui ressemble à ça, il s’appelle Raoul, il est au collège, et je vais le voir aux vacances tous les étés. » Cette révélation m’explique sa sagesse relative et nouvelle ; elle écrit très peu aux gars en ce moment. Les sœurs Jaubert jouent les scandalisées à cause de ce journal polisson, Marie Belhomme renverse son encrier pour venir voir : quand elle a regardé les images et lu un peu, elle s’enfuit, ses longues mains en l’air, criant : « C’est abominable ! je ne veux pas lire le reste avant la récréation ! » Elle est à peine assise, en train d’éponger son encre renversée, que Mlle Sergent rentre, sérieuse mais avec des yeux enchantés, scintillants ; je regarde cette rousse comme si je n’étais pas sûre que ce fût la même que l’embrasseuse de là-haut…

— Marie, vous me ferez une narration sur la maladresse, et vous me l’apporterez ce soir à cinq heures. Mesdemoiselles, demain arrive une nouvelle adjointe, Mlle Griset, vous n’aurez pas affaire à elle, elle s’occupera de la petite classe seulement.

J’ai failli demander : « Et Mlle Aimée, elle s’en