Aller au contenu

Page:Claudine a l'Ecole.pdf/113

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
93
claudine à l’école

seau rare, on ne me gronde jamais (s’pas, Mademoiselle ?) et je suis toujours sage comme aujourd’hui. Je serai pour toi une seconde mère !

Mlle Sergent s’amuse sans vouloir en avoir l’air, Rabastens admire, et les yeux de la nouvelle expriment des doutes sur mon état mental. Mais je la laisse, j’ai assez joué avec cette Luce ; elle reste près de sa sœur qui l’appelle « petite bête » ; elle ne m’intéresse plus. Je demande sans me gêner :

— Où allez-vous la coucher, cette enfant, puisque rien n’est fini encore ?

— Avec moi, répond Aimée.

Je pince les lèvres, je regarde la Directrice bien en face et je dis nettement :

— Bien z’ennuyeux, ça !

Rabastens rit dans sa main (est-ce qu’il saurait quelque chose ?) et émet cette opinion qu’on pourrait peut-être commencer à chanter. Oui, on pourrait ; et même on chante. La petite nouvelle ne veut rien savoir, et reste muette obstinément.

— Vous ne savez pas bien la musique, Mademoiselle Lanthenay junior ? demande l’exquis Antonin, avec des sourires de placier en vins :

— Si, Monsieur, un peu, répond la petite Luce d’une faible voix chantante, qui doit être douce à l’oreille quand la frayeur ne l’étrangle pas.

— Eh bien, alors ?

Eh bien, alors, rien du tout. Laisse donc cette enfant tranquille, galantin de Marseille !