grande Anaïs. Elle relève la tête à l’instant où je finis d’écrire, et passe son gougnigougna en boîte à Luce, avec un gracieux sourire. La petite devient rouge et remercie. Anaïs se repenche sur son dessin et pousse un « oh ! » retentissant d’indignation qui rappelle nos roucoulantes institutrices à la réalité :
— Eh bien ! Anaïs, vous devenez folle, je pense ?
— Mademoiselle, regardez ce que Claudine a fait sur mon dessin !
Elle le porte, gonflée de colère, sur le bureau ; Mlle Sergent y jette des yeux sévères et, brusquement, éclate de rire. Désespoir et rage d’Anaïs qui pleurerait de dépit si elle n’avait la larme si difficile. Reprenant son sérieux, la directrice prononce : « Ce n’est pas ce genre de plaisanteries qui vous aidera à passer un examen satisfaisant, Claudine ; mais vous avez fait là une critique assez juste du dessin d’Anaïs qui était en effet trop étroit et trop long. » La grande bringue revient à sa place, déçue, ulcérée. Je lui dis :
— Ça t’apprendra à envoyer du gougnigougna à cette petite qui ne t’a rien fait !
— Oh ! Oh ! tu voudrais donc te rattraper sur la petite de ton peu de succès auprès de sa sœur aînée, que tu la défends avec tant de zèle ?
Pan !
Ça, c’est une gifle énorme qui sonne sur sa joue. Je la lui ai lancée à toute volée, avec un « Mêle-toi de ce qui te regarde » supplémentaire. La