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claudine à l’école

Allons-y ! Je jette en arrière mes cheveux qui me gênent, je pince ma jupe entre deux doigts, et je commence une « polka piquée » qui pour être muette n’en soulève pas moins l’admiration générale. Marie Belhomme exulte et ne peut retenir un glapissement d’allégresse ; que le bon Dieu la patafiole ! Mlle Sergent tressaille et se retourne, mais je me suis déjà jetée sur mon banc à corps perdu, et j’entends la Directrice annoncer à la nigaude, d’une voix lointaine et ennuyée :

— Marie Belhomme, vous me copierez le verbe rire, en ronde moyenne. Il est vraiment fâcheux que de grandes filles de quinze ans ne puissent se bien conduire que lorsqu’on a les yeux sur elles.

La pauvre Marie a bonne envie de pleurer. Tiens, aussi, on n’est pas si bête ! Et je réclame immédiatement les deux « caiens » à la grande Anaïs, qui me les passe d’assez mauvaise grâce.

Que peuvent faire ces deux observateurs de fissure ? Mlle Sergent regarde toujours à la fenêtre ; deux heures et demie sonnent, ça ne peut pas durer plus longtemps. Il faut qu’elle sache au moins que nous avons constaté l’absence indue de sa petite favorite. Je tousse, sans succès ; je retousse, et je demande d’une voix sage, la voix des Jaubert :

— Mademoiselle, nous avons des cartes à faire examiner par Mlle Lanthenay ; est-ce qu’il y a une leçon de géographie aujourd’hui ?