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Page:Claudine a l'Ecole.pdf/142

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claudine à l’école

que je ne peux pas extraire de racines. Je regrette beaucoup, je vous assure.

La classe trépigne de joie ; Mlle Aimée s’impatiente et rage.

— Enfin, m’obéirez-vous ? Je ferai mon rapport à Mlle Sergent et nous verrons.

— Je vous répète que je suis au désespoir.

Intérieurement, je lui crie : « Mauvaise petite rosse, je n’ai pas d’égards à montrer pour toi, et je te causerai plutôt tous les embêtements possibles. »

Elle descend les deux marches du bureau et s’avance sur moi, dans le vague espoir de m’intimider. Je m’empêche de rire à grand’peine, et je garde mon air respectueusement désolé… Cette toute petite ! Elle me vient au menton, ma parole ! La classe s’amuse follement ; Anaïs mange un crayon, bois et mine, à grandes bouchées.

— Mademoiselle Claudine, obéirez-vous, oui ou non ?

Avec une douceur têtue, je recommence ; elle est tout près de moi, et je baisse un peu le ton :

— Encore une fois, Mademoiselle, faites-moi ce que vous voudrez, donnez-moi des fractions à réduire au même dénominateur, des triangles semblables à construire,… des fissures à constater,… tout, quoi, tout : mais pas ça, oh non, pas de racines carrées !

Les camarades, à l’exception d’Anaïs, n’ont pas compris, car j’ai lâché mon insolence vite, et sans appuyer ; elles s’amusent seulement de ma résis-