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Page:Claudine a l'Ecole.pdf/163

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claudine à l’école

Ce matin, qu’il fait bon, dans ce cher pays ! Que mon joli Montigny se chauffe gaiement, par ce printemps précoce et chaud ! Dimanche dernier et jeudi, j’ai déjà couru les bois délicieux, tout pleins de violettes, avec ma sœur de lait, ma douce Claire, qui me racontait ses amourettes… son « suiveux » lui donne des rendez-vous au coin de la Sapinière, le soir, depuis que le temps est doux. Qui sait si elle ne finira pas par faire des bêtises ! Mais ce n’est pas ce qui la tente : pourvu qu’on lui débite des paroles choisies, qu’elle ne comprend pas très bien, pourvu qu’on l’embrasse, qu’on se mette à ses genoux, que ça se passe comme dans les livres enfin, ça lui suffit parfaitement.

Dans la classe, je trouve la petite Luce affalée sur une table, sanglotant à s’étrangler. Je lui lève la tête de force et je vois ses yeux gros comme des œufs, tant elle les a tamponnés.

— Oh ! vrai ! Tu n’es pas très belle comme ça ! Qu’est-ce qu’il y a, petite ? Pourquoi chougnes-tu ?

— Elle… m’a… elle… m’a battue !

— Ta sœur, au moins ?

— Ouiii !

— Qu’est-ce que tu lui avais fait ?

Elle se sèche un peu et raconte :

— Voilà, je n’avais pas compris mes problèmes,