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Page:Claudine a l'Ecole.pdf/186

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lange de sentimentalités bébêtes et d’indications pratiques : « Je pense à toi toujours quand il fait clair de lune… Tu feras attention, jeudi, d’apporter au champ de Vrimes le sac à blé que tu avais pris la dernière fois, si maman voyait ma robe verdie, elle me ferait un raffut ! » Et puis des allusions peu claires, qui doivent rappeler au jeune Gangneau des épisodes polissons… En somme, oui, une déception. Je lui rendrai ses lettres, bien moins amusantes qu’elle-même qui est fantasque, froide et drôle.

Je les lui ai remises, elle n’en croyait pas ses yeux. Toute à la joie de les revoir, elle se moque pas mal que je les aie lues ; elle a couru les jeter dans les cabinets, et maintenant elle a repris sa figure close et impénétrable. Aucune humiliation. Heureuse nature !

Zut, j’ai pincé un rhume ! Je reste dans la bibliothèque de papa, à lire la folle Histoire de France de Michelet, écrite en alexandrins. (J’exagère peut-être un peu ?) Je ne m’ennuie pas du tout, bien installée dans ce grand fauteuil, entourée de livres, avec ma belle Fanchette, cette chatte intelligente entre toutes, qui m’aime avec tant de désintéressement malgré les misères que je lui inflige, mes morsures dans ses oreilles roses, et le dressage compliqué que je lui fais subir.