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Page:Claudine a l'Ecole.pdf/206

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claudine à l’école

pas exister et tirent de leur poche des questionnaires que Mlle Sergent, dédaigneuse de ce zèle excessif, leur fait rengainer. Elles n’en reviennent pas !

Des cheminées d’usines, des maisons clairsemées et blanches qui se resserrent tout de suite et deviennent nombreuses, — voilà la gare. Nous descendons, Mlle Sergent nous pousse vers un omnibus et nous roulons, sur de douloureux pavés en têtes de chat, vers l’hôtel de la Poste. Dans les rues pavoisées des oisifs badaudent, car c’est demain la Saint je ne sais quoi — grande fête locale — et la Philharmonique sévira dans la soirée.

La gérante de l’hôtel, Mme Cherbay, une payse de Mlle Sergent, grosse femme trop aimable, s’empresse. Des escaliers sans fin, un corridor et… trois chambres pour six. Je n’avais pas songé à ça ! Avec qui va-t-on me loger ? C’est stupide ; je déteste coucher avec des gens !

La gérante nous laisse, enfin. Nous éclatons en paroles, en questions ; on ouvre les valises ; Marie a perdu la clef de la sienne et se lamente ; je m’assieds déjà lasse. Mademoiselle réfléchit : « Voyons, il faut que je vous case… » Elle s’arrête et cherche à nous appareiller de la meilleure façon ; la petite Luce se coule silencieusement près de moi et me serre la main : elle espère qu’on nous fourrera dans le même lit. La Directrice se décide : « Les deux Jaubert, vous coucherez ensemble ; vous, Claudine, avec… (elle me regarde d’une façon aiguë, mais je ne bronche ni ne cille)… avec