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Page:Claudine a l'Ecole.pdf/226

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claudine à l’école

une petite bête verte et une coccinelle sur l’épaule, et mes cheveux roulent en désordre. Ensemble pas répugnant… Il faut le croire, du moins, car ces messieurs s’attardent à me considérer et Roubaud me demande à brûle-pourpoint : « Vous ne connaissez pas un tableau qui s’appelle le Printemps, de Botticelli ? » Pan ! je l’attendais : « Si, Monsieur… on me l’a déjà dit. » Je lui ai coupé le compliment sous le pied et il pince les lèvres, vexé ; il me revaudra ça. Les hommes noirs rient entre eux ; je gagne ma place, escortée de cette phrase rassurante, mâchonnée par Sallé, brave homme qui, pourtant, ne me reconnaît pas, le pauvre myope : « Vous n’êtes pas en retard, d’ailleurs ; copiez le sommaire inscrit au tableau, vos compagnes n’ont pas encore commencé. » Eh là ! qu’il n’ait pas peur, je ne le gronde pas !

En avant la composition française ! Cette petite histoire m’a donné du cœur.

« Sommaire. — Exposez les réflexions et commentaires que vous inspirent ces paroles de Chrysale : « Je consens qu’une femme ait des clartés de tout, etc. »

Ce n’est pas un sujet trop idiot ni trop ingrat, par chance inespérée. J’entends autour de moi des questions anxieuses et désolées, car la plupart de ces petites filles ne savent pas ce que c’est que Chrysale ni les Femmes Savantes[1]. Il va y avoir

  1. J’insiste : on ne nous donne de Molière, de Racine, de