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Page:Claudine a l'Ecole.pdf/228

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claudine à l’école

ses qui plairont et qui me déplaisent. Ouf ! fini ! Voyons ce que font les autres…

Anaïs travaille sans lever la tête, sournoise, le bras gauche arrondi sur sa feuille pour empêcher sa voisine de copier. Roubaud a terminé son esquisse et l’heure s’avance pendant que le soleil baisse à peine. Je suis éreintée ; ce soir, je me coucherai sagement avec les autres, sans musique. Continuons à regarder la classe : tout un régiment de tables sur quatre files, qui s’en vont jusqu’au fond ; des petites filles noires penchées dont on ne voit que des chignons lisses ou la natte pendante, serrée comme une corde ; peu de robes claires, seulement celles des élèves d’écoles primaires comme la nôtre, — les rubans verts, au cou des pensionnaires de Villeneuve, font tache. Un grand silence, troublé par le bruit léger des feuillets qu’on tourne, par un soupir de fatigue… Enfin, Roubaud plie le Moniteur du Fresnois sur lequel il s’est un peu assoupi, et tire sa montre : « Il est l’heure, Mesdemoiselles, je relève les feuilles ! » Quelques faibles gémissements s’élèvent, les petites qui n’ont pas fini s’effarent, demandent cinq minutes de grâce qu’on leur accorde ; puis ces messieurs ramassent les copies et nous lâchent. Toutes nous nous levons — on s’étire, on bâille — et les groupes se reforment immédiatement avant le bas de l’escalier ; Anaïs se précipite vers moi :

— Qu’est-ce que tu as mis ? Comment as-tu commencé ?