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Page:Claudine a l'Ecole.pdf/232

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claudine à l’école

lit, la couverture tirée jusqu’au menton ; elle a sa plus mauvaise figure.

— Eh bien, qu’est-ce qui te prend ? Tu ne veux pas laisser Luce coucher avec toi ?

— Je ne dis pas ça ; seulement elle veut prendre toute la place, alors je l’ai poussée.

— Des blagues ! Tu la pinces, et tu lui as versé de l’eau dans ses bottines.

— Couche-la avec toi, si tu veux, moi je n’y tiens pas.

— Elle a pourtant la peau plus fraîche que toi ! Il est vrai que ce n’est pas difficile.

— Va donc, va donc, on sait que la petite sœur te plaît autant que la grande !

— Attends, ma fille, je vais te changer les idées.

Tout en chemise, je me jette sur le lit, j’arrache les draps, je saisis la grande Anaïs par les deux pieds, et malgré les ongles silencieux dont elle s’accroche à mes épaules, je la tire en bas du lit, sur le dos, avec ses pattes toujours dans les mains, et j’appelle : « Marie, Luce, venez voir ! »

Une petite procession de chemises blanches accourt sur des pieds nus, et on s’effare : « Eh là, mon Dieu, es-tu folle, Claudine ? Eh ! là, séparez-les ! Appelez Mademoiselle ! » Anaïs ne crie pas, agite ses jambes et me jette des regards dévorants, acharnée à cacher ce que je montre en la traînant par terre : des cuisses jaunes, un derrière en poire. J’ai si envie de rire que j’ai peur de la lâcher. J’explique :