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Page:Claudine a l'Ecole.pdf/297

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claudine à l’école

et de fil de fer ; nous travaillons chez nous après dîner, avant dîner, sans repos ; les tables, dans toutes les maisons, s’encombrent de roses blanches, bleues, rouges, roses et jaunes, gonflées, raides et fraîches au bout de leurs tiges. Ça tient tant de place, qu’on ne sait où les mettre ; elles débordent partout, fleurissent en tas multicolores, et nous les rapportons le matin en bottes, avec l’air d’aller souhaiter la fête à des parents.

La Directrice, bouillonnante d’idées, veut encore faire construire un arc de triomphe à l’entrée des écoles ; les montants s’épaissiront de branches de pins, de feuillages échevelés, piqués de roses en foule. Le fronton portera cette inscription, en lettres de roses roses, sur un fond de mousse :

SOYEZ LES BIENVENUS !

C’est gentil, hein ?

Moi aussi, j’ai eu ma trouvaille : j’ai suggéré l’idée de couronner de fleurs le drapeau, c’est-à-dire nous.

— Oh ! oui, ont crié Anaïs et Marie Belhomme.

— Ça va. (Pour ce que ça nous coûte !) Anaïs, tu seras couronnée de coquelicots ; Marie tu te diadèmeras de bluets, et moi, blancheur, candeur, pureté, je mettrai…

— Quoi ? des fleurs d’oranger ?

— Je les mérite encore, Mademoiselle ! Plus que vous-même sans doute !