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claudine à l’école

rugit la Marseillaise, et, faisant volte-face, nous marchons vers la ville, suivies des porte-fanions ; le reste des Écoles s’écarte pour nous laisser passer, et, devançant le cortège majestueux nous passons sous le « château-fort », nous rentrons sous les voûtes de verdure ; on crie, autour de nous, d’une manière aiguë, forcenée, nous ne semblons vraiment rien entendre ! Droites et fleuries, c’est nous trois qu’on acclame, autant que le ministre… Ah ! si j’avais de l’imagination, je nous verrais tout de suite les trois filles du roi, entrant avec leur père dans une « bonne ville » quelconque ; les gamines en blanc sont nos dames d’honneur, on nous mène au tournoi, où les preux chevaliers se disputeront l’honneur de… Pourvu que ces gars de malheur n’aient pas trop rempli d’huile, les veilleuses de couleur, dès ce matin ! Avec les secousses que donnent aux mâts les gamins grimpés et hurlants, nous serions propres ! Nous ne nous parlons pas, nous n’avons rien à nous dire, assez occupées de cambrer nos tailles à l’usage des gens de Paris, et de pencher la tête dans le sens du vent, pour faire voler nos cheveux…

On arrive dans la cour des écoles, on fait halte, on se masse, la foule reflue de tous côtés, bat les murs et les escalade. Du bout des doigts, nous écartons assez froidement les camarades trop disposées à nous entourer, à nous noyer ; on échange d’aigres « Fais donc attention ! — Et toi, fais donc pas tant ta sucrée ! on t’a assez remarquée depuis