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Page:Claudine a l'Ecole.pdf/338

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sont ainsi, on ne peut pas les faire attendre, ils se précipitent au bal sitôt la bouche essuyée ! » Voilà ce qu’elle a dit.

— Raison de plus pour ne pas imiter les gars et les gobettes d’ici ! Si les « habits noirs » dansent ce soir, ils arriveront vers onze heures, comme à Paris, et nous serons déjà défraîchies de danser ! Venez un peu dans le jardin avec moi.

Elles me suivent à contre-cœur dans les allées sombres où ma chatte Fanchette, comme nous en robe blanche, danse après les papillons de nuit, cabriolante et folle… Elle se méfie en entendant des voix étrangères et grimpe dans un sapin, d’où ses yeux nous suivent, comme deux petites lanternes vertes. D’ailleurs, Fanchette me méprise : l’examen, l’inauguration des écoles, — je ne suis plus jamais là, je ne lui prends plus de mouches, des quantités de mouches que j’enfilais en brochette sur une épingle à chapeau et qu’elle débrochait délicatement pour les manger, toussant parfois à cause d’une aile gênante arrêtée dans la gorge ; je ne lui donne plus que rarement du chocolat cru et des corps de papillons qu’elle adore, et il m’arrive d’oublier le soir de lui « faire sa chambre » entre deux Larousse. — Patience, Fanchette chérie ! J’aurai tout le temps de te tourmenter et de te faire sauter dans le cerceau, puisque hélas ! je ne retournerai plus à l’École…

Anaïs et Marie ne tiennent pas en place, ne me répondent que par des oui et non distraits, — les