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Page:Claudine a l'Ecole.pdf/65

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claudine à l’école

nous heurtons et accrochons un peu partout, dans l’espoir qu’une d’elles au moins se disloquera complètement et tombera en morceaux vermoulus. Vain espoir ! Elles arrivent entières ; ce n’est pas notre faute.

On n’a pas beaucoup travaillé ce matin, c’est autant de gagné. À onze heures, quand nous sortons, je rôde pour apercevoir Mlle Lanthenay, mais sans succès. Elle l’enferme donc ? Je m’en vais déjeuner, si grondante de colère rentrée, que papa lui-même s’en aperçoit et me demande si j’ai la fièvre… Puis je reviens très tôt, à midi un quart, et je m’énerve, parmi les rares élèves qui sont là, des gamines de la campagne déjeunant dans l’école avec des œufs durs, du lard, de la mélasse sur du pain, des fruits. Et j’attends inutilement et je me tourmente !

Antonin Rabastens entre (une diversion comme une autre) et me salue avec des grâces d’ours dansant.

— Mille pardons, Mademoiselle ; et autremint, ces dames ne sont pas encore descendues ?

— Non, Monsieur, je les attends ; puissent-elles ne pas tarder, car « l’absence est le plus grand des maux ! » Voilà déjà sept fois que je commente cet aphorisme d’après La Fontaine, en des compositions françaises qui furent remarquées.

J’ai parlé avec une gravité douce ; le beau Marseillais a écouté, de l’inquiétude sur sa bonne