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Page:Claudine a l'Ecole.pdf/74

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claudine à l’école

Ma pauvre petite ! Je l’épouvante, elle est pâle, ma petite Aimée, ma chérie ! » Et tout de suite après elle m’a aidée à me déshabiller, avec des manières caressantes, et j’ai dormi comme si j’avais marché toute la journée… Ma pauvre Claudine, vous voyez si j’y puis quelque chose !

Je suis abasourdie. Elle a des amitiés plutôt violentes, cette rousse volcanique ! Au fond, je ne m’en étonne pas énormément ; ça devait finir ainsi. En attendant, je reste là, atterrée, et devant Aimée, petite créature fragile ensorcelée par cette furie, je ne sais que dire. Elle s’essuie les yeux. Il me semble que son chagrin finit avec ses larmes. Je la questionne :

— Mais vous, vous ne l’aimez pas du tout ?

Elle répond sans me regarder :

— Non, bien sûr ; mais, réellement, elle semble m’aimer beaucoup, et je ne m’en doutais pas.

Elle me glace, sa réponse, parce qu’enfin je ne suis pas encore idiote, et je comprends ce qu’on veut me dire. Je lâche ses mains que je tenais et je me relève. Il y a quelque chose de cassé. Puisqu’elle ne veut pas m’avouer franchement qu’elle n’est plus avec moi contre l’autre, puisqu’elle cache le fond de sa pensée, je crois que c’est fini. J’ai les mains gelées et les joues qui me brûlent. Après un silence désagréable, c’est moi qui reprends :

— Ma chère Aimée aux beaux yeux, je vous supplie de revenir encore une fois pour finir le mois ; pensez-vous qu’Elle veuille bien ?