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Page:Clemenceau - Au soir de la pensée, 1927, Tome 1.djvu/277

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AU SOIR DE LA PENSÉE

sement fait notre connaissance. Le phénomène est d’un tel ordre de valeurs qu’il entraîne tôt ou tard un achèvement d’assimilation d’émotivités.

La lampe merveilleuse.

Si sourd, si muet qu’il semble, le monde a commencé de laisser percer ses mystères. Ouverture d’un compte qui ne sera jamais clos entre l’homme et les coordinations d’énergies sous la suprématie desquelles il déroule ses destinées.

Connaître ! Tenir le fil du labyrinthe. Se sentir en pleine communion d’activités avec les mouvements des choses. À chaque stage de la connaissance, tressaillir d’une compréhension fragmentaire, avec la confiance que l’erreur elle-même n’est qu’un détour, plus ou moins long, dans les voies de la vérité. Par des moments coordonnés de cette connaissance, saisir la lente évolution de l’homme dans la voie d’une conscience supérieure, dont l’orientation, au regard de l’humanité de ce jour, serait de surhumanité. Quoi de plus ?

Car nous avons pris possession de la lampe merveilleuse qui projette ses feux jusqu’aux secrets replis des choses, et, peu à peu, devant nous, se dissipent les derniers vestiges des premières obscurités. Le cours des astres reconnu, c’est un jeu de les peser, de les pénétrer, de leur demander compte de leurs phénomènes, d’en induire une conception générale de l’univers qui nous installe au rang de citoyens de l’infini.

C’est que nous avons mis la main sur des leviers qui ouvrent et mesurent le champ aux énergies du monde. Nous voyageons dans l’air ou sous l’océan, et nous causons d’un continent à l’autre, et nous découvrons dans le soleil, dans les étoiles, des éléments non encore rencontrés sur la terre, sans jamais nous rassasier de « miracles », qui, ceux-là, sont d’une expérience quotidiennement vérifiée.

Et nous, qui recevons des choses indifférentes la chance imméritée d’une fortune si haute, nous, chez qui la diligence des sensations vient se condenser aux synergies d’une personnalité