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Page:Clemenceau - Au soir de la pensée, 1927, Tome 1.djvu/43

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AU SOIR DE LA PENSÉE

résultant de l’inconscience des déterminations organiques, voilà l’individu en évolution de personnalité. Entre ces deux termes oscillent les mouvements de notre organisme sous la loi de l’impulsion la plus forte qui fait notre volonté. Dans l’ensemble du déterminisme humain, les formes de l’individuation se composent par l’intervention de la sensibilité qui caractérise, en les développant, les mouvements de la personnalité — porte-voix d’une synthèse d’énergies génératrice d’une passagère unité de direction.

La personnalité, plus ou moins précisée, est ainsi l’état de cohérence d’un complexe organique de dynamisme unitaire, résultant d’une évolution de cohérences antérieures attestées par l’évolution embryonnaire qui en est la représentation. Les mêmes lois qui groupent les individus atomiques en molécules individualisées, avec tous les complexes qui en vont naître, pour toutes les activités concevables (mécanique, physique, chimie, biologie) assemblent et dispersent tour à tour toutes formations d’énergies. L’individuation représente simplement l’un des innombrables degrés du dynamisme universel.

Quand nous apprenons de M. jean Perrin que le nombre de molécules contenues dans une molécule-gramme de n’importe quelle substance a besoin de vingt-quatre chiffres pour s’exprimer, et que nous ajustons cette vue à la théorie cinétique de l’humanité, nous atteignons des profondeurs d’observation où nous sommes bien près de dépasser nos facultés. La discontinuité des trois états de la matière, solide, liquide et gazeux, n’est plus que secondaire. Question de rapports entre la vitesse, la masse, la température. Ceci dans l’enchaînement infrangible des phénomènes dont aucun, dans aucune circonstance, ne se laisse détacher de l’ensemble.

Si nous cherchons l’antériorité du phénomène qui se manifeste par l’apparition de la cellule organique et de son plasma, nous ne sommes donc pas trop déconcertés de voir M. Lehmann obtenir des états particuliers auxquels il donne le nom de cristaux semi-fluides ou même de cristaux liquides agissant à la manière d’un cristal sur la lumière polarisée. Même ces cristaux semi-fluides présenteraient des traces de limitation polyédrique, nous offrant des arêtes, et des angles « arrondis » par la tension superficielle, ainsi que d’autres figurations « tendant à prendre