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Page:Clemenceau - Au soir de la pensée, 1927, Tome 2.djvu/227

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au soir de la pensée

bilités, aux associations de sensations qui sont la trame de la vie pensante. Nous sommes là au cœur des activités fondamentales de l’organisme mental élémentaire dont l’évolution fera l’entendement humain. Le chapitre le plus suggestif de M. Georges Bohn est celui qu’il intitule : De la finalité en psychologie animale. Il s’agit moins ici de construire une doctrine de la pensée animale, que de la montrer expérimentalement aux prises avec les fins de l’alimentation, de la reproduction, de la recherche du mieux-être, qui s’imposent à l’accomplissement de ses fonctions.

L’acte de rechercher la nourriture ne distingue pas l’animal de la plante aussi nettement qu’on l’a cru. Comme les plantes dans notre atmosphère, les animaux marins, micro-organismes unicellulaires, ou même organismes d’un ordre plus élevé, trouvent en abondance du carbone autour d’eux et peuvent s’en alimenter sans rechercher des proies vivantes. « Volontaires » ou non, les mouvements fonctionnels aboutissent aux renouvellements de l’organisme par l’alimentation[1]. Quelles réactions de sensibilité, depuis le simple réflexe, aboutiront aux déterminations organiques dites de volonté ? Où se rencontre la limite des préméditations concevables et des tropismes automatiques qui les ont engendrées ? Tropismes et sensibilités différentielles, c’est l’explication qu’on nous donne des activités organiques unicellulaires dans une goutte d’eau. Beaucoup n’y veulent voir que des manifestations physico-chimiques de la matière vivante. Je me permets de penser que ces explications sont tout près de se confondre. Les tropismes, ou attractions organiques élémentaires, avec leurs correspondances de réactions, ne peuvent pas ne pas dépendre des conditions physico-chimiques de l’organisme intéressé. Nous sommes là, manifestement, au point vif où se rejoignent « l’inorganique » et « l’organique » en leurs activités d’enchaînements. L’ingéniosité des expérimentateurs s’est donné carrière pour résoudre le plus possible des complexités de phénomènes. Que sert de discuter sur le point précis où les réactions motrices de sensibilité pour-

  1. Le renouvellement continu de l’organisme n’est-il pas le plus clair témoignage d’une dépense d’évolution depuis le premier mouvement de la croissance jusqu’au sommet de l’achèvement ? La continuité du renouvellement organique ne peut être d’une équivalence continue puisqu’il n’y a pas de fixité dans le monde. De quoi la conséquence est dans l’évolution.