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Page:Clemenceau - Au soir de la pensée, 1927, Tome 2.djvu/236

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l’évolution


Des tropismes aux complexités organiques.


Nous nous trouvons de la sorte engagés dans la voie qui mène du tropisme physico-chimique aux déterminations des sensibilités différentielles organiquement liées, en phénomènes associatifs, des sensations présentes aux sensations passées. Ces conjugaisons amèneront, des radiaires aux articulés, les différenciations d’un système nerveux ganglionnaire évoluant jusqu’aux coordinations ultérieures des plexus, de la moelle épinière et du cerveau. Ne voyons-nous pas le derme sensible à la lumière s’individualiser en des taches pigmentaires dont l’évolution, par des étapes successives, nous donnera l’organe oculaire ?

Les radiaires, qui ont conservé des traits de la géométrie du cristal, nous montrent simplement des ganglions séparés communiquant entre eux par des filets nerveux. Premier achèvement d’une individuation de sensibilité par des réactions motrices où se précise le réflexe élémentaire.

Les mollusques ont des masses ganglionnaires sans moelle, le ganglion le plus important pouvant prétendre au titre de cerveau simple (sans feuillets plicatiles), dès qu’y viennent aboutir les nerfs des organes sensoriaux.

Les articulés, en qui la rigidité des radiaires commence à composer avec les souplesses des organismes évolués, nous présentent une moelle longitudinale noueuse avec des filets nerveux aboutissant aux nodosités. On peut regarder le ganglion antérieur comme la première ébauche d’un cerveau, puisque s’y rattachent les individuations de l’ouïe et de la vue. Les hémisphères plicatiles viendront plus tard.

Les vertébrés nous offrent une synthèse de différenciations — moelle épinière, nerfs, plexus et cerveau avec hémisphères plicatiles[1] — conduisant, par les sensations associées, aux

  1. Pour Lamarck, le cerveau est un accumulateur des énergies du milieu. Il me semble que cela pourrait se dire de tous les organes. Les concentrations