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au soir de la pensée

puisqu’ils marquent le retour organique d’une impulsion provisoirement à bout de course. Avec sa théorie de la distribution d’énergie rythmée par quanta, Planck nous permet d’expliquer par le quantum d’impulsion, le quantum de réaction qui s’ensuit, conséquence inévitable d’une dépense d’énergie dans une direction déterminée par la loi de la moindre action.

J’indique une vue générale d’allers et de retours où la mise en action de l’organisme l’emporte progressivement sur les résistances de l’atavisme, pour faire l’évolution. Il se comprend assez que les inextricables complexités d’oscillations dont se compose chaque temps d’existence ne peuvent permettre la simplicité d’un schéma révélateur des mouvements généraux de l’histoire humaine dans les enchevêtrements d’idées, de sentiments, de volontés grégaires dont l’œuvre ne cesse de croître sous nos yeux.

Interprétées à la mesure des compréhensions de chacun, toutes périodes du développement humain devront s’encadrer dans les successions du passé et de l’avenir pour des effets que préciseront les siècles futurs. C’est le problème de l’histoire qui se pose dans toute son ampleur. En dépit des incroyables difficultés que comporte la véridique relation d’un fait déterminé, nous avons commencé de nous attacher aux réalités historiques en vue d’en dégager le sens autant que nos méprises d’atavisme pourront le comporter. Décisif progrès d’une intelligence des choses dans les plus hautes parties de notre développement. Nous tenons là, comme en d’autres domaines, des classements de rapports, et nous en pouvons induire les premiers traits des lois selon lesquelles se détermineront peut-être les mouvements plus ou moins ordonnés de notre discordante « civilisation ».

Ainsi se dérouleront sous nos yeux des sensations de grandeurs et de misères qui, par des oppositions de forces, nous conduisent à des fins cosmiques dont il n’est point d’appel. Ainsi se pourront relier, en des rythmes d’évolution et de régression, selon l’ardeur ou le retardement du pendule, la beauté des grands siècles et la misère des mauvais jours. Les peuples se succèdent dans les hauteurs, comme dans les bas-fonds de l’activité générale ou viennent s’ajuster les correspondances de tous mouvements. Tel s’élance aux sommets que l’abîme attirera tout à l’heure. La Chine a connu des grandeurs en des âges où