Aller au contenu

Page:Cocteau - Le Coq et l’Arlequin.djvu/22

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

crier « À bas Wagner ! » avec Saint-Saëns. C’est la véritable bravoure.


¶ Nietzsche redoutait certains « et » : Gœthe et Schiller par exemple, ou Schiller et Gœthe, pire encore. Que dirait-il de voir répandu le culte Nietzsche et Wagner… Wagner et Nietzsche plutôt !


¶ Il y a des œuvres longues qui sont courtes. L’œuvre de Wagner est une œuvre longue qui est longue, une œuvre en étendue, parce que l’ennui semble à ce vieux dieu une drogue utile pour obtenir l’hébétement des fidèles.

Il en est ainsi des magnétiseurs qui hypnotisent en public. La bonne passe qui endort est généralement très courte et très simple, mais ils l’accompagnent de vingt passes postiches qui frappent la foule.

La foule est séduite par le mensonge ; elle est déçue par la vérité trop simple, trop nue, trop peu inconvenante.

    robe en plumes d’autruche, dansaient sur cet ouragan de rythmes et de tambour une sorte de catastrophe apprivoisée qui les laissait tout ivres et myopes sous une douche de six projecteurs contre avions.

    La salle applaudissait debout, déracinée de sa mollesse par cet extraordinaire numéro qui est à la folie d’Offenbach ce que le tank peut être à une calèche de 70.