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Page:Coignet - Les Cahiers du capitaine Coignet, 1883.djvu/194

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la caserne, je présentai mon billet et ma permission de convalescence au capitaine qui obtint ma paye entière. Je partis habillé tout à neuf, aux frais du Gouvernement, par le coche, et, arrivé à Auxerre, je fus logé chez Monfort, porte de Paris. Je me rappelai d’un parent, le père Toussaint-Armancier ; je le fis venir et lui demandai s’il n’aurait pas entendu dire où était passé mon petit frère que je n’avais pas vu depuis l’âge de six ans. Il me répond : « Je sais où. Il est à Beauvoir, chez le meunier Thibault. — Il faut l’envoyer chercher. Dieu, que je suis content ! »

Le lendemain, il arrive, se jette dans mes bras ; il ne pouvait pas se contenir de joie de me voir si beau, dans un bel uniforme avec la croix. « Mon bon frère, me disait-il, que je suis content ! — Je vais dans notre pays et si tu veux, je t’emmènerai, je te placerai dans le commerce, j’ai de bonnes connaissances à Paris. — Eh bien ! me dit-il, viens me chercher, je partirai avec toi. — Je te le promets, lui dis-je ; apprête-toi. As-tu de l’argent ? — Oui, me dit-il, j’ai sept cents francs. — Ça prouve ta bonne conduite, mon ami. »

Et nous dînâmes comme deux enfants retrouvés. Le lendemain, après notre déjeuner, nous partîmes chacun de notre côté. Arrivant à Courson, je fus arrêté par le brigadier de gendarmerie nommé Trubert, qui me demande si j’étais