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Page:Coignet - Les Cahiers du capitaine Coignet, 1883.djvu/204

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fossés, les coups de plat de sabre n’y faisaient rien du tout. La musique jouait, les tambours battaient la charge, rien n’était maître du sommeil. Les nuits étaient terribles pour nous. Je me trouvais à la droite d’une section. Sur le minuit, je dérivai à droite sur le penchant de la route. Me voilà renversé sur le côté ; je dégringole et je ne m’arrête qu’après être arrivé dans une prairie. Je n’abandonnais pas mon fusil, mais je roulais dans l’autre monde ; mon brave capitaine fit descendre pour venir me chercher ; j’étais brisé. Ils prirent mon sac et mon fusil, et je fus bien réveillé.

Lorsque nous fûmes sur les hauteurs de Saverne, il fallut prendre-des voitures pour les dormeurs. Arrivés enfin à Strasbourg, nous trouvâmes l’Empereur, qui nous passa la revue le lendemain et distribua des croix. Deux nuits nous rétablirent ; nous passâmes le Rhin et nous marchâmes à grandes journées sur Augsbourg, et de là sur Ulm, où nous trouvâmes une armée considérable, qu’il fallut repousser au delà d’une forte rivière, avant de parvenir à un couvent, sur une hauteur imprenable. Le maréchal Ney, dans l’eau jusqu’au ventre de son cheval, faisait rétablir le pont, malgré la mitraille ; les sapeurs tombaient et cet intrépide Ney ne bougeait pas. Aussitôt la première travée posée, les grenadiers et voltigeurs passèrent pour soutenir les sapeurs, le maréchal