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Page:Coignet - Les Cahiers du capitaine Coignet, 1883.djvu/224

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cre. Il y avait des officiers pour maintenir l’ordre, et dans trois quarts d’heure nous étions en route pour remonter chargés de vin, sucre, chaudières, et des vivres de toutes espèces. Nous avions des bougies pour nous éclairer pour descendre dans les caves, et nous trouvâmes dans les gros hôtels beaucoup de vin cacheté. On fit porter du bois, et les feux s’allumèrent, avec le vin et le sucre dans les chaudières. Nous bûmes à la santé du roi de Prusse toute la nuit, et tout le vin cacheté fut partagé. Il y en avait en profusion ; chaque grenadier avait trois bouteilles : deux dans le bonnet à poil et une dans sa poche. Toute la nuit, on eut le vin chaud ; nous en portâmes à nos braves canonniers qui étaient morts de fatigue et ils nous remercièrent. Leurs officiers furent invités à venir prendre le vin chaud avec les nôtres, nos moustaches furent bien arrosées, mais défense de faire du bruit. Quelle punition pour nous de ne pouvoir parler, ni chanter : Tout le monde avait de l’esprit dans la tête.

L’Empereur nous voyait si sages que cela le rendait joyeux ; avant le jour, il était à cheval pour visiter son monde. L’obscurité était si profonde qu’il fut obligé de se faire éclairer pour se conduire, et les Prussiens voyant des lumières qui se promenaient le long de leur ligne, firent feu sur Napoléon, mais il continua sa course, rentra à son quartier général, et fit prendre les armes.