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Page:Coignet - Les Cahiers du capitaine Coignet, 1883.djvu/299

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LES CAHIERS

essuyais la figure et la mis aussi dans ma poche. A l’heure de rentrer à la caserne, je prends congé. Le capitaine me dit : « Vous partez ? — Oui, capitaine, je suis de garde demain. — Mais vous viendrez demain. — Ce n’est pas possible, je suis de garde. — Mais vous emportez votre serviette. »

Mettant la main dans ma poche, je trouve la serviette et mon mouchoir. Rendant la serviette à mon capitaine, je lui dis : « Je croyais être encore en pays ennemi, vous savez que si on ne prend rien on croit avoir oublié quelque chose. — Eh bien, me dit-il, restez là ! Je vais envoyer mon domestique à la caserne, et vous passerez la soirée avec nous. » Me montrant sa demoiselle : « Voilà votre dénonciateur, qui m’a dit : Papa, il emporte sa serviette, mais laisse-le faire. — Que j’ai eu du bonheur d’être vu par votre demoiselle ! »

Je rentrai à la caserne des Capucins près la place Vendôme ; le lendemain matin, je reçus une lettre de Mme *** qui me priait de passer chez elle à onze heures du matin, ça me fit monter l’imagination au cerveau, je pétillais de joie ; je trouvai un camarade qui monta ma garde au quartier, je me mis sur mon trente et un et je pris un cabriolet pour me conduire à l’adresse indiquée. Je puis dire que j’avais des transports d’amour (mon âge le permettait). J’arrive, je me fais annoncer, la femme de chambre me conduit