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LES CAHIERS

mandait ; lorsqu’il nous eut placés à nos postes, il prévint ces dames que nous étions leurs chevaliers pour leur faire donner des rafraîchissements. Il fallut faire connaissance. Nous en avions vingt-quatre de chaque côté de nous (quarante-huit par sous-officier), et il fallait répondre à leurs demandes. Dans l’épaisseur du gros mur, on avait fait de grandes niches pour placer quatre-vingt-seize cantines pour tous les rafraîchissements désirables. Ces petits cafés ambulants firent bonne recette.

Voilà le costume des dames : des robes décolletées par derrière jusqu’au milieu du dos. Et par devant l’on voyait la moitié de leurs poitrines, leurs épaules découvertes, leurs bras nus. Et des colliers ! et des bracelets ! et des boucles d’oreilles ! Ce n’étaient que rubis, perles et diamants. C’est là qu’il fallait voir des peaux de toutes nuances, des peaux huileuses, des peaux de mulâtresses, des peaux jaunes et des peaux de satin ; les vieilles avaient des salières pour contenir leurs provisions d’odeurs. Je puis dire que je n’avais jamais vu de si près les belles dames de Paris, la moitié à découvert. Ça n’est pas beau.

Les hommes étaient habillés à la française ; tous le même costume : habit noir, culottes courtes, boutons d’acier découpés en diamant. La garniture de leurs habits leur coûtait 1,800 francs, ils ne pouvaient se présenter à la cour