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Page:Coignet - Les Cahiers du capitaine Coignet, 1883.djvu/399

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les cahiers

il faut savoir au besoin mourir à son poste. Sauvons les voitures de notre maître. » Deux de mes piqueurs avaient été atteints ; la mitraille avait enlevé deux boutons à l’un et percé l’habit de l’autre ; j’avais reçu dix boulets dans mes voitures, mais un seul cheval fut blessé, et je me trouvai tout à fait hors de danger à l’embouchure du défilé qui longe les promenades et qui reçoit les eaux des marais qui sont sur le flanc droit de la ville. Il y a là un petit pont de pierre, et il faut le passer pour gagner la grande chaussée qui aboutit au grand pont. Je vois devant moi un parc d’artillerie qui enfilait le petit pont ; je pars au galop, je trouve le colonel d’artillerie qui faisait défiler son parc, je l’aborde : « Colonel, au nom de l’Empereur, veuillez me prêter votre concours pour que je puisse vous suivre. Voilà les voitures de l’Empereur, le trésor et les cartes de l’armée. J’ai l’ordre de les conduire au delà du fleuve. — Oui, mon brave, sitôt que nous aurons passé, tenez-vous prêts, je vous laisserai 20 hommes pour vous faire traverser le pont. — Voilà, lui dis-je, une pièce de canon qui était abandonnée ; je vous la remets tout attelée. — Allez la chercher, dit-il à deux canonniers, je la prendrai. »

Je retourne au galop vers mon convoi : « Nous sommes sauvés, dis-je aux piqueurs ; nous passerons, faites atteler. » Je reste près du petit pont et mes voitures arrivent ; sitôt mes premiers