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Page:Coignet - Les Cahiers du capitaine Coignet, 1883.djvu/401

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les cahiers

je fais appuyer. Comme je passais devant le colonel, il me dit : « Je rendrai compte de votre conduite à l’Empereur. — Faites votre, rapport. Je vous attends, et je n’irai qu’après vous, je vous en donne ma parole. »

Je passai le grand pont ; à gauche est un moulin, et entre les deux un gué où toute l’armée pouvait passer sans danger. Mais cette rivière est encaissée et très profonde, les bords sont à pic ; elle fut le tombeau de Poniatowski. Je montai sur le plateau avec mes 17 voitures et fus me placer derrière cette belle batterie qui m’avait protégé. Quand la nuit vint, les deux armées étaient dans la même position qu’au commencement de la bataille, nos troupes ayant repoussé vaillamment les attaques de quatre armées réunies. Aussi nos munitions se trouvaient-elles épuisées, nous avions tiré dans la journée 95,000 coups de canon, et il nous restait à peine 16,000 ; il était impossible de conserver plus longtemps le champ de bataille et il fallut se résigner à la retraite. À huit heures du soir, l’Empereur quitta son bivac pour descendre dans la ville et s’établit dans l’auberge des Armes de Prusse, où il passa la nuit à dicter des ordres ; je l’attendais, il ne vint que le lendemain, mais le comte Monthyon fut dépêché pour donner des ordres à l’artillerie et aux troupes ; il me fit appeler : « Eh bien, et vos voitures ? Comment vous êtes-vous tiré de cette bagarre ? — Bien, mon