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Page:Coignet - Les Cahiers du capitaine Coignet, 1883.djvu/433

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les cahiers

pagne. Sont-ils payés ? — C’est mon frère qui m’a prêté. »

Souvent le bon général venait me prendre chez mon frère pour m’emmener à la promenade, à cheval ou en voiture, et m’invitait à dîner en famille ; il se rappelait les bons feux que je lui faisais à la retraite de Moscou. Tous mes préparatifs faits pour entrer en campagne, je m’occupai de régler l’ordre de marche des équipages par rang de grade, pour éviter la confusion dans les marches, ainsi que pour les distributions. Cette précaution me servit, et je fus félicité plus tard.

Les préparatifs du Champ de mai se faisaient au Champ de Mars devant la façade de l’École militaire. L’Empereur, en grand costume, entouré de l’état-major, vint y recevoir les députés et les pairs de France ; la réception finie, l’Empereur descendit de son majestueux amphithéâtre pour en gagner un autre au milieu du Champ de Mars. Nous eûmes toutes les peines du monde à traverser la foule si serrée, qu’il fallut la refouler pour arriver ; et là, tout l’état-major rangé, l’Empereur fit un discours. Il se fit apporter les aigles pour les distribuer à l’armée et à la garde nationale ; de cette voix de Stentor, il leur criait : « Jurez de défendre vos aigles ! Le jurez-vous ? » leur répétait-il.

Mais les serments étaient sans énergie ; l’enthousiasme était faible ; ce n’étaient pas les cris