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Page:Coignet - Les Cahiers du capitaine Coignet, 1883.djvu/435

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les cahiers

avec son état-major et un escadron de grenadiers à cheval. Il s’entretenait avec un aide de camp ; il regarde à sa gauche, prend sa petite lorgnette et regarde avec attention sur une hauteur à pic très loin de la route, dans une plaine immense. Il aperçoit de la cavalerie pied à terre, et dit : « Ce n’est pas de ma cavalerie, il faut s’en assurer. Faites venir un officier de mon escorte, et qu’il parte reconnaître cette troupe. » On me fait signe d’approcher près de l’Empereur : « C’est toi. — Oui, Sire. — Vas au galop reconnaître la troupe sur cette montagne ; tu vois cela d’ici. — Oui, Sire. — Ne te fais pas pincer. » Je pars au galop ; arrivé au pied de cette montagne rapide, je m’aperçus que trois officiers montaient à cheval et je crus voir des lances, mais je n’étais pas sûr. Je continuai de monter doucement, et je vis que leurs soldats faisaient le tour de la montagne pour me couper ma retraite. A moitié de la montagne, je vois mes trois gaillards qui descendaient en faisant le tire-bouchon ; ils se croisaient et ne pouvaient descendre qu’à petits pas. Moi, je m’arrête tout court ; je vois des ennemis ; alors très poli, je les salue et redescend. Ils descendirent tous trois ; je n’en étais pas en peine, mais c’étaient les autres qui faisaient la route pour me couper. Je regardai à ma gauche, et rien ne parut. Arrivé au bas de la montagne, ces messieurs descendaient toujours ; une fois dans cette plaine, je