Aller au contenu

Page:Coignet - Les Cahiers du capitaine Coignet, 1883.djvu/454

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

avant-garde ; on les poursuivit, ils ne furent plus si insolents et ne nous suivirent que de loin.

Nous arrivâmes dans Orléans sans être poursuivis ; nous passâmes le pont sur la Loire et on établit le quartier général dans un grand faubourg qui se trouvait presque désert ; les habitants étaient rentrés en ville et nous manquions de tout. Quand nous fûmes installés, on s’occupa de barricader le pont par le milieu avec des poteaux énormes et deux portes à résister contre une attaque de vive force ; puis on mit la tête du pont dans un état de défense, toute hérissée de pièces d’artillerie. Nous restâmes tranquilles pendant quelques jours ; ces deux énormes portes s’ouvraient à volonté pour aller aux vivres ; nous fûmes obligés d’aller en ville pour en chercher. Nous trouvâmes une pension à l’entrée de la grande rue, et tous les jours il fallait faire ouvrir les portes, mais cela ne dura pas longtemps. On voyait le grand maréchal derrière ses batteries, les bras derrière le dos, bien soucieux ; personne ne lui parlait. Ce n’était plus ce grand guerrier que j’avais vu naguère sur le champ de bataille, si brillant ; tous les officiers le fuyaient. S’il avait voulu, sous les murs de Paris, lui qui était le maître des destinées de la France, il n’avait qu’à tirer son épée.

Un matin donc, comme à l’ordinaire, nous partîmes à 9 heures pour nous rendre à notre pension pour déjeuner. Arrive le traiteur qui nous