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Page:Coignet - Les Cahiers du capitaine Coignet, 1883.djvu/467

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les cahiers

figure d’un domestique. Je suis décoré, et je l’ai été avant vous, ne vous déplaise. Lequel de ces deux chevaux prenez-vous ? — Le cheval normand. — Je vous le donne, je veux 600 francs et les 80 francs promis. — Je vais vous faire un bon que vous toucherez chez mon frère, payeur. »

Une heure après, je revins livrer mon cheval, tout sellé et bridé, dans la cour : « Monsieur, si vous m’aviez demandé celui-là, je ne vous l’aurais pas donné ; il vaut lui seul 1,200 francs. » Et je dis au marquis de Ganet qui était là : « Si vous voulez, je vous le cède au premier étage monté par moi, et je redescendrai dessus, si l’escalier est praticable ; je vais vous faire voir les mérites de ce cheval. »

Je monte en effet, et le fais manœuvrer dans tous les sens ; il marchait le pas d’un homme en reculant ; de même, je le fais se dresser sur l’appui d’une croisée : « Reste là ! lui dis-je (il ne bougeait pas). Voilà, Monsieur le Major, un cheval de maître, et celui que vous avez est mon cheval de portemanteau ; il n’est point dressé[1]. »

Le lendemain, à Auxerre, personne ne s’était aperçu de mon absence. Je fus rendre compte de mon voyage à M. Marais : « Le prononcé de

  1. Je revis le major à Auxerre au café Milon : « Voilà le capitaine Coignet », dirent les officiers. Il faisait sa partie de billard, il jeta sa queue et ne voulut pas me voir.