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Page:Coignet - Les Cahiers du capitaine Coignet, 1883.djvu/469

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les cahiers

un débat orageux avec mon frère, on procéda à la vente. Nous nous rendîmes chez notre père pour lui faire part de nos bonnes intentions à son égard : « C’est plutôt pour augmenter votre fortune que pour la diminuer. — C’est bien, nous dit-il, mais je veux un logement pour ma femme après moi. — Cela ne sera pas, lui dit mon frère. Je me rappelle qu’elle m’a mené dans les bois avec ma sœur pour nous perdre. D’ailleurs, vous lui avez passé tout le reste de votre fortune, vous avez dépouillé vos enfants pour lui donner d’abord 36 bichets de froment sa vie durant, et puis, vous le savez, elle est plus riche que nous. » J’aurais consenti, mais mon frère, qui avait tant souffert des cruautés de cette femme, ne voulait pas céder. Tout fut terminé le même jour, mais mon père nous garda rancune plus tard. Revenus à Auxerre, mon frère régla nos comptes ; je me trouvai débiteur de 700 francs : « Eh bien ! me dit-il, avant de partager, donne-moi deux morceaux de vigne et nous serons quittes. — Choisis. » Enfin, il me restait six arpents de mauvaise terre et de vignes. Combien je me trouvai soulagé d’être débarrassé d’une pareille somme envers mon frère ! J’avais un cheval de reste pour toute fortune. Le lendemain, nous fûmes chez M. Marais lui porter ses 1,800 francs ; nous fûmes invités à dîner et mon frère partit pour Paris. Le dimanche, je fus invité à dîner chez M. Marais qui