Page:Colet - Promenade en Hollande.djvu/162

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
152
PROMENADE EN HOLLANDE

mers du Japon, qui causa la mort du malheureux Raynold. »

Je regardai de nouveau le beau coquillage : il me sembla en ce moment que deux lèvres roses se dessinaient à son orifice et souriaient malicieusement. Je me fis ouvrir la vitrine, je voulus voir de plus près et tenir dans mes mains cette riante Cythérée, si brûlante à l’œil, si froide au toucher, comme sa marraine Vénus sortant des flots de la mer.

« Asseyons-nous ici, et tandis que je la palpe et que je l’examine en tous sens, contez-moi son histoire, dis-je à mon guide.

— Je vous demande encore une heure d’attente, répliqua l’ami du docteur. Visitons d’abord les salles du Musée égyptien ; nous passerons ensuite devant la maison de l’héroïne de mon récit ; peut-être aurez-vous la bonne fortune de l’apercevoir. Puis nous irons nous asseoir dans les serres du Jardin botanique, sous les dattiers deux fois centenaires, et là votre curiosité sera satisfaite. »

Je le suivis sans objection, me disant que sa façon de procéder, toute semblable à celle de son ami le docteur, était sans doute particulière à l’esprit hollandais. Avant de replacer dans sa vitrine la belle Cythérée, j’avais posé mes lèvres sur sa chair glacée, comme je suis toujours tentée de le faire sur les reliques si rares de l’amour que le hasard fait passer sous mes yeux : que ce soit une lettre