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Page:Colet - Promenade en Hollande.djvu/180

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PROMENADE EN HOLLANDE

dans une robe de mousseline de l’Inde qui laissait à découvert ses bras purs et son cou d’une rondeur élancée ; elle avait dans ses cheveux noirs des fleurs naturelles de cactus pourpre.

Je vis tressaillir, en la saluant, Hermans et Raynold, que j’accompagnais. Ce dernier devint d’une pâleur livide quand elle tendit sa main à l’autre ; mais elle, comme si elle eût deviné et qu’elle eût voulu guérir aussitôt cette blessure éphémère, alla s’appuyer au bras de Raynold et lui dit :

« J’ai à vous parler. »

Elle le conduisit sous un palmier qui déployait ses larges feuilles au haut de la serre. Je pus juger, à la physionomie de Raynold, de l’agitation passionnée que lui causaient ses paroles.

Tout à coup elle s’éloigna de lui et revint près d’Hermans, qui les observait avec dépit ; elle prit alors le bras de celui-ci et fit plusieurs fois avec lui le tour de la serre. Elle semblait lui parler avec plus d’animation encore qu’à Raynold, mais le visage d’Hermans restait calme et je ne pus y lire ses pensées. Elle le quitta brusquement, comme elle avait quitté le premier.

Dès lors elle ne s’occupa plus d’eux durant toute la fête, elle évita même leur regard. La musique commença ; la suavité des voix ajouta une beauté de plus à ce magique ensemble.

C’était un mélange harmonieux de chants, de par-