Aller au contenu

Page:Colet - Promenade en Hollande.djvu/205

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
195
PROMENADE EN HOLLANDE.

fond passent un cheval, un bœuf et un âne. À gauche est une colline boisée, que gravit un troupeau de moutons. Le ciel est brumeux et semble, pour ainsi dire, pleurer sur ce tranquille paysage.

Voici de H. Van Balen un paysage d’un tout autre genre ; il sert de cadre à Diane, à Bacchus, à Pan, aux satyres et aux bacchantes ; c’est un mouvement, un entrain et des postures de dieux avinés.

De Rubens je contemple longtemps deux tableaux ; la Piété filiale, représentant cette dame romaine qui allaitait son père prisonnier ; la poitrine de la femme est superbe, et l’expression de sa tête est saintement exaltée. L’autre tableau est la rencontre de Jacob et d’Ésaü. La figure du premier est prédestinée ; l’autre est morne. La physionomie reflète toujours le sort de l’homme.

J’aime beaucoup cette belle église gothique rendue dans tous ses détails d’architecture et cette Adoration des Mages d’un coloris si vrai. Ce sont deux tableaux des frères Van Eyck, qui furent les inventeurs de la peinture à l’huile. On dirait leurs tableaux peints d’hier : les procédés découverts par eux n’ont pas été surpassés.

De Jordaens je regarde avec attention un paysage au milieu duquel le dieu Pan joue de la flûte. Les joues se gonflent légèrement ; l’instrument frémit dans les doigts, et l’on croit en entendra sortir des sons.