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PROMENADE EN HOLLANDE.

me montrer l’Institut des jeunes aveugles ; il est situé dans un bel hôtel au vestibule de marbre blanc. Les salles d’études et les dortoirs sont spacieux. Un vaste jardin s’étend derrière l’hôtel et sert de lieu de récréation aux enfants. Rien de touchant comme de voir les travaux et les amusements de ces pauvres êtres des deux sexes. Les petites filles apprennent à coudre, à tricoter, à broder ; les garçons fabriquent des paniers en osier, nattent des chaises, filochent, etc., etc. Une de leurs plus vives distractions est le chant et la musique instrumentale. Ils se plaisent aussi à faire des parties de dames, et s’en tirent avec une rectitude merveilleuse.

Nous fûmes reçus à l’Institut des jeunes aveugles par le directeur, M. Van Dapperen, qui nous en fit les honneurs avec un aimable empressement. Après nous avoir fait parcourir les classes et le jardin, M. Van Dapperen nous conduisit dans un grand salon aux corniches dorées et aux parois couvertes de peintures à fresque. À un signal donné, tous les élèves s’alignèrent derrière des bancs. Un d’eux (l’un des plus grands) s’assit au piano et joua l’accompagnement d’un psaume ; c’était une musique allemande religieuse et solennelle. Aussitôt les enfants entonnent le premier verset de l’hymne biblique. Tous ces visages ternes et attristés, que le rayonnement des yeux n’éclaire jamais, semblent s’illuminer tout à coup d’une flamme intérieure. On dirait